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Comment progresser et s'épanouir à la batterie

Interview de Laurent Pellecuer.

Autodidacte, professeur de batterie et fondateur du site pédagogique batterieenligne.fr, Laurent Pellecuer réalise également des vidéos sur Youtube où il donne des conseils pour progresser à la batterie. Batteur dans un groupe amateur de la région lyonnaise, ce passionné nous livre dans cette interview ses recettes personnelles pour une pratique épanouissante, que l'on soit débutant ou professionnel.

Quand on arrive dans un studio de répétition, il y a en général déjà une batterie. Comment gère-t-on le fait de ne pas répéter avec son propre instrument ?

Je dirais que la première chose à faire si l'on ne veut pas être trop dépaysé est d'apporter sa propre caisse claire et ses propres cymbales. Cela ne prend pas beaucoup de place et les choses les plus techniques sont jouées sur la caisse claire. Le reste est moins important. On peut éventuellement apporter la pédale de grosse caisse si on a un jeu très spécifique de grosse caisse.

Toujours en studio, la batterie acoustique est le seul instrument dont on ne peut pas régler le volume par un ampli. Quels conseils donnerais-tu à un batteur pour qu'il adapte son niveau sonore à celui des autres membres du groupe ?

Le premier conseil que je donnerais peut paraître évident: il faut apprendre à jouer à différents niveaux d'intensité. Apprendre à jouer moins fort, mais tout en ayant un jeu intense. Un jeu intense ne veut pas dire taper super fort, mais jouer avec intention. Le bémol, c'est que cela dépend aussi du style de musique. Par exemple pour le jazz, on joue déjà très doucement à la base. Mais si on joue du métal, jouer à faible intensité va être compliqué. La règle générale est donc d'apprendre à jouer moins fort tout en tenant compte du style de musique.

A propos de volume sonore, les batteries électroniques peuvent représenter une alternative. Que penses-tu de ces dernières ?

De 2012 à 2016, j'étais en appartement et je m'entraînais exclusivement sur batterie électronique. Beaucoup de puristes sont contre les batteries électroniques. Si on peut pratiquer chaque jour sur batterie acoustique, c'est l'idéal. Mais si on n'en a pas la possibilité, la batterie électronique c'est toujours mieux que rien. Après, les repères ne sont pas les mêmes. Par exemple, les pads sont plus petits et moins espacés sur une batterie électronique, rendant certaines choses plus faciles à faire et d'autres plus difficiles. On peut faire d'énormes progrès sur batterie électronique, mais il faut garder en tête qu'en concert, on joue sur batterie acoustique. Il faut donc essayer de ne pas se couper complètement de la batterie acoustique. Une autre différence entre les deux à laquelle il faut faire attention, c'est le son. Si on tape de 5 manières différentes sur une batterie acoustique, on aura 5 sons différents, alors que sur une électronique, on aura 5 fois le même son. (vidéo batterie électronique vs acoustique)

Concernant les concerts et la scène, penses-tu que le trac d'un batteur est le même que celui d'un guitariste ou d'un chanteur ?

Je pense que le chanteur doit avoir sa dose de trac en plus. C'est lui le leader, c'est lui que l'on regarde en premier. Même si le batteur est la deuxième personne que l'on regarde le plus dans un concert, je pense que l'on est moins touché qu'un chanteur par le stress.

Justement, as-tu des petites astuces pour lutter contre le trac ?

Le premier conseil qui me vient, le plus puissant, celui qui a permis pour moi de faire toute la différence, c'est de s'autoriser à faire autant d'erreurs que l'on veut. C'est paradoxal, mais quand on cherche à ne faire aucune erreur, on joue en étant super tendu, on ne profite pas du moment, et ça ne nous empêche pas de faire quand même des erreurs. Alors que quand on s'autorise à faire autant d'erreurs que l'on veut, ça nous aide à lâcher prise. Et du coup on délivre notre meilleur jeu possible. Des erreurs on en fait tous. Arrivé à un certain niveau, le public ne s'en rend même pas compte. Le conseil que je donnerais, c'est de faire sa première erreur le plus tôt possible. Faire cette première erreur permet de s'enlever la pression de vouloir jouer un jeu parfait. Donc une fois que cette première erreur est faite, on lâche prise et on est plus authentique. (voir la vidéo sur le trac réalisée par Laurent)

En parlant d'erreur, y a-t-il un moment dans la carrière d'un batteur où il n'est plus utile de travailler sa technique ?

Il y a deux manières de voir les choses. Soit on est batteur dans un groupe, par exemple un groupe de rock indépendant, et on ne veut faire que ça, alors tout notre travail va tourner autour de ce style de musique. Soit on est un batteur généraliste et ouvert aux opportunités, et là il n'y a pas de limites, on peut apprendre de nouveaux rythmes, de nouveaux styles. Mais de manière plus simple, si on est passionné, on ne se pose même pas la question, on travaille son instrument avant tout parce qu'on aime ça. (vidéo de Laurent sur la technique)

S'il n'y avait qu'un seul conseil que tu donnerais aux débutants pour progresser ?

Aujourd'hui, on est bombardé de vidéos Youtube et Instagram de batteurs qui font des trucs de fou. Quand on démarre la batterie, on a du coup des objectifs ultra élevés, puisque tous les modèles qu'on a sont des dieux. Donc on se met une pression pas possible. On essaye de bosser par à coup, et quand on a pas les résultats escomptés, on se décourage super vite. Alors que ce qui paye, c'est la pratique quotidienne. Il vaut mieux travailler 20 minutes chaque jour plutôt que 3 heures le week-end.